Intro : nouveau design
Presque deux ans après la première version, NVIDIA sort une nouvelle console Shield. Toujours animée par un SoC maison Tegra X1 et par Android TV, cette petite boîte a des ambitions encore plus grandes. Compatible 4K HDR et épaulée par un service de cloud gaming GeForce Now survitaminé, sans oublier l’application Molotov qui permet de regarder les chaînes de télévision, la Shield 2017 prétend remplacer une TV connectée, un PC de jeu et même la sacro-sainte box des fournisseurs d’accès.
Les nouveautés logicielles en vidéo
Pour comparer la fluidité de The Witcher 3, n’hésitez pas à regarder notre précédente vidéo dans le test de la Shield en version 3.2. Des tests plus précis sont en page 3.
Design : des nouveautés en trompe-l’oeil
Plutôt que de parler de la nouvelle Shield 2017, nous devrions plutôt évoquer les nouvelles Shield. Car comme l’an passé, Nvidia commercialise deux modèles : la Shield “tout court” embarquant 16 Go de stockage, et la Shield Pro, dotée d’un disque dur de 500 Go.
La première est la plus innovante, puisqu’elle adopte un nouveau boîtier beaucoup plus compact que l’ancien. En supprimant la baie pour disque dur 2,5 pouces, NVIDIA enlève un gros quart de la surface totale de sa console.
Ce gain de place se fait toutefois au détriment de quelques connecteurs. Adieu, port micro USB et lecteur de cartes microSD ! Heureusement, il reste très facile d’augmenter la capacité de stockage (beaucoup trop faible) du modèle 16 Go en branchant une clé ou un disque dur externe USB. Android 6 et 7 sauront “adopter” ce support de stockage externe pour le fusionner à la mémoire interne (pour les applications) ou l’utiliser comme un simple support de stockage amovible.
Extérieurement ce sont les seules différences entre nouvelle et ancienne Shield. À l’intérieur, il n’y a pas d’autre surprise : le Soc Tegra X1, les 3 Go de RAM et le chipset WiFi ac (2×2) sont identiques.
Meilleurs accessoires
Les autres nouveautés des modèles 2017 sont à chercher au rayon accessoire. NVIDIA a conçu une meilleure manette et une meilleure télécommande. La manette des modèles 2015 était, il faut bien l’écrire, assez mauvaise. La cuvée 2017 se distingue par un poids réduit de 50 g (17 %) et une forme plus fine nettement plus ergonomique. En plus, le gamepad intègre maintenant un moteur de vibrations. La télécommande abandonne sa batterie rechargeable pour des piles qui doit lui conférer une autonomie largement supérieure ; bonus non négligeable, cette télécommande est dorénavant livrée gratuitement avec la console !
Globalement, ces modifications sont donc très légères, mais bienvenues !
Conso, performances, bruit : c’est pareil !
Parée pour l’Ultra HD
La Shield n’est pas qu’une console de jeux, c’est aussi un lecteur vidéo d’excellente facture. La mise à jour 2017 ajoute la compatibilité avec les contenus 4K HDR, chose que nous avons voulu vérifier. La petite console s’en en effet montrée capable (via l’application VLC) de décoder sans broncher des flux H.265 Ultra HD 10 bits associés à une bande son DTS HD Master Audio (débit de 80 Mbit/s environ). Ce genre de vidéos fait tousser des PC équipés de processeurs Skylake, mais pas le Tegra X1.
Qui peut le plus, peut le moins, des fichiers moins exigeants, Full HD ou H.264 ne posent aucun problème à la Shield TV non plus. Remarquons toutefois que nos premiers essais en 4K étaient gâchés par de violentes saccades pendant la lecture. Le fautif ? Notre réseau WiFi, pourtant de type WiFi ac 2×2 à 867 Mbit/s. Une fois connectée en Ethernet, la Shield TV fonctionnait parfaitement.
Pas plus économique
On s’en doutait un peu, mais il nous fallait le vérifier : la nouvelle console Shield est plus petite, mais ses composants strictement identiques lui donnent des caractéristiques très similaires en test. Seul le bruit du ventilateur, dans une coque plus petite, pourrait être significativement différent. Voici nos mesures.
La nouvelle Shield n’a pas la même carte mère que l’ancienne et on peut supposer a priori que son SoC bénéficie d’un procédé de gravure en 20 nm plus mature et donc plus performant. Cela se traduit-il par une baisse de la consommation ?
En un mot : non. Que ce soit en veille, en lecture vidéo ou à pleine charge, la nouvelle Shield et l’ancienne font jeu égal. Il y a bien de légers écarts, mais ils sont si faibles qu’on peut facilement les attribuer à la variance naturelle de la consommation, et, surtout, ils sont totalement négligeables au quotidien.
Parfaitement inaudible
Vu leur lien de parenté très fort, il est probable que les deux consoles s’avèrent très similaires en termes de bruit.
Gagné ! Au repos ou en charge faible, les Shield sont tout bonnement inaudibles. À 30 cm de la face avant, notre sonomètre n’est pas capable de les distinguer du bruit de fond d’une pièce pourtant très silencieuse (27,7 dBA). Sous 3D Mark, qui représente l’utilisation la plus intense, le ventilateur se déclenche, au bout de quelques instants. Mais il ne génère qu’un très léger chuintement. Dans un usage normal, la console à quelques mètres des oreilles dans le meuble TV, il sera impossible de l’entendre.
Performances identiques
Les deux consoles ayant le même comportement, elle chauffent de manière similaire, et le ventilateur empêche tout ralentissement du processeur central (pas de throttling). La nouvelle Shield apporte exactement les mêmes performances que l’ancienne dans tous nos tests, on aurait aimé qu’elle soit un peu plus boostée !
GeForce Now sur GPU Pascal : les performances
Nous avons testé le service de cloud gaming GeForce Now, cette fois armé de serveurs équipés de GeForce Pascal, beaucoup plus puissantes. Notre dernier test de GeForce nous avait laissé sur notre faim précisément sur ce point : la puissance délivré au joueur n’était pas suffisante (équivalente à celle d’une GeForce GTX 960). Aujourd’hui, c’est totalement différent. Nous avons même mené nos tout premiers test de performances d’une machine dans le cloud !
La configuration du serveur
Nous sommes tombés sur la configuration du serveur dans le jeu Ultra Street Fighter IV. Les jeux y tournent sur une configuration plutôt musclée, mais dont le point faible sera, par moment, le processeur, dont la fréquence reste limitée. On ne sait pas dans quelle mesure le partage des ressources se fait entre les utilisateurs, ni même si les performances resteront identiques lorsque beaucoup de joueurs solliciteront le serveur.
- Windows 2012 (R2 ?) Datacenter Edition 64 bits
- CPU Intel Xeon E5-2697 v4 : 18 coeurs à 2,3 GHz, 3,6 GHz en boost (partagé)
- 16 Go de RAM
- NVIDIA GFN-P (cluster de GeForce Pascal partagées)
Par ailleurs, le système d’exploitation Windows 8 ne gère pas DirectX 12, ce que nous avons pu constater dans The Division. Rien de bien grave, DirectX 12 n’apportant pas d’amélioration visuelle, ni de gain de performances chez NVIDIA.
L’option DX12 est grisée dans The Division.
Définition améliorée
Notez toutefois que le serveur propose désormais de monter tous les jeux jusqu’en définition QHD (2560 x 1440 ou même 1600). La vidéo finale restera en Full HD à 60 images par seconde quoi qu’il arrive. Mais le downscaling QHD vers Full HD apporte une image un peu plus lissée, comme un antialiasing améliorée. Certains préfèreront une image avec plus de piqué. On conseille de laisser les jeux en Full HD !
Full HD à gauche, QHD à droite (sur une vidéo finale qui reste en Full HD)
Tests de performances
Nous avons eu l’idée de faire tourner certains benchmarks intégrés aux jeux, notamment The Division, qui fait son apparition grâce à l’arrivée de UPlay dans GeForce Now, afin de profiter de ses propres licences de jeu Ubisoft. Nous avons réglé le jeu en Ultra, et constaté des performances impressionnantes pour du cloud gaming : cette fois, les serveurs de GeForce Now sont vraiment surarmés, et on en est ravi !
The Division est très lourd pour les cartes graphiques, mais même en définition QHD, le jeu tourne à plus de 60 images par seconde sur GeForce Now, ce qui est une petite bénédiction ! Notez que les performances sont très proches de celles de notre nouvelle machine de test équipée d’un gros processeur Core i7-6850K overclocké et d’une GeForce GTX 1080 Founders Edition.
A titre indicatif, voici le taux d’occupation processeur de The Division dans les deux définitions testées. Le processeur du serveur de cloud gaming de NVIDIA en a sous le capot, et on suppose que quatre coeurs sont alloués au joueur, mais ce sera clairement le facteur limitant pour les jeux qui montent très haut en ips, comme Batman : Arkham Origins, que nous avons aussi testé :
On voit bien qu’en QHD, les performances sont très proches d’une GTX 1080, mais avec un framerate minimal moins élevé. En Full HD, le nombre d’images par seconde maximal est bridé par la puissance du processeur Xeon, mais le jeu affiche tout de même un joli 140 ips en moyenne !
GeForce Now pourrait donc clairement proposer aux joueurs une option 120 Hz, ce sera certainement pour la prochaine mise à jour du service, selon nous. Pour info, le dernier Tomb Raider tournait, tout à fond en Full HD, pile à 120 ips en moyenne, une jolie perf…
Latence mesurée
Avec une caméra à 1000 images par seconde, nous avons mesuré l’écart entre la pression d’un bouton sur la manette Shield et l’action affichée à l’écran. Nous avons choisi Ultra Street Fighter IV pour ce test : un jeu extrêmement réactif dont le moteur a été optimisé pour un minimum de latence. Sur nos 10 mesures, la grande majorité était très proche de 150 ms, une est tombée à 120 ms, une autre à 160 ms. C’est un peu élevé pour les joueurs les plus exigeants, notamment pour être compétitif en réseau (surtout sous Ultra SF IV).
Notez que notre connexion de province avait 25 ms de latence avec le serveur de GeForce Now, et que notre téléviseur Sony avait un (excellent) input lag de 22 ms. La latence du système GeForce Now reste donc assez contenue, notamment pour le jeu en solo. Au niveau local, seule la souris USB souffre d’une trop forte latence, au point d’être injouable, un problème à corriger !
Verdict
- Peut tout faire
- Performance
- Compacité
- GeForce Now surpuissant
- Bonne manette
- Prix
- Manque d'évolution matérielle
- Latence de la souris USB
- Disparition du lecteur microSD
La Shield de Nvidia est à la fois une bonne surprise et une déception. Une déception à cause de l’absence quasi totale de nouveautés matérielles. C’est encore une fois le SoC Tegra X1 qui anime la console, alors que cette puce a été présentée il y a deux ans. Toutefois, il nous faut reconnaître que la Shield ne souffre d’aucun problème de performances. La navigation est parfaitement fluide et les gros jeux Android ne lui posent aucun problème. Mais la Shield ne s’achète pas pour ses performances. Sa grande force est son incroyable polyvalence. Elle peut faire office de console de jeux Android, ou de console de jeux PC via GeForce Now ou Game Stream. C’est aussi un media center qui peut lire presque tous les formats vidéos. C’est, enfin, une box pouvant remplacer celle des FAI, pour regarder YouTube, Netflix, et même la télé en direct via l’application Molotov TV. Un vrai couteau suisse, tellement riche qu’il est un peu délicat à appréhender. Un vrai rêve de geek, vendu tout de même un peu cher.