Approches différentes, prix similaires
Nous avons décidé de confronter deux nouveautés majeures sur le marché des casques gaming, deux périphériques haut de gamme de deux importantes marques incontournables du secteur. D’un côté l’ancestral Sennheiser, dont la réputation n’est plus à faire, avec le nouveau GSP 600 qui mise sur ses hautes performances audio et un confort optimal. De l’autre, SteelSeries, dont la réputation est aussi solide, mais plus jeune dans le secteur de l’audio, avec le dernier Arctis Pro + GameDAC, certifié Hi-Res. Le premier reste classique en audio jack pour 250 euros, le second passe au DAC externe USB pour 280 euros. Nous allons tenter de savoir quelle philosophie l’emporte…
Deux marques, deux visions
Chez Sennheiser, on maîtrise les casques depuis longtemps, en proposant certains modèles pour les gamers audiophiles sur PC. On retiendra notamment le fameux bundle Asus Xonar Xense et son casque PC350 Xense Edition que nous avons utilisé longtemps (malgré l’inconfort du casque). Sennheiser reste assez classique pour le GSP 600, en refusant l’USB afin de rester sur de l’analogique, avec une impédance assez faible pour s’adapter à tout type de source. Le casque est d’ailleurs fourni avec un embout supplémentaire pour les smartphones, mais son design le rend peu nomade…
Côté SteelSeries, on est forcément en retard sur Sennheiser, mais on avance rapidement. Et nous devons l’avouer : nous pensons que la marque évolue de manière fulgurante dans le bon sens depuis deux ans, et pas seulement pour les casques audio. Notre test de l’Arctis 5 avait montré un super casque au confort inégalé à notre connaissance, avec toutes l’ergonomie de rigueur. Notre test de la souris Rival 500 révèle aussi une grande maîtrise du design, avec une ergonomie très bien pensée pour les gamers. Espérons que l’Arctis Pro + GameDAC, qui promet beaucoup sur le papier, reste dans la même veine.
A 30 euros près, ces casques se retrouvent dans la même catégorie haut de gamme, et leur approche si différente exige de faire les confronter pour savoir quel casque sera le plus adapté à une utilisation gaming, ou PC audiophile, puisque ces deux monstres promettent une qualité audio de premier ordre.
Design
SteelSerie, fidèle à son nouveau style
SteelSeries garde sa nouvelle politique de sobriété maximale avec des matériaux simples, comme pour les premiers Arctis. Le casque est toutefois garni de LED RGB à l’utilité toute relative. Les matériaux ne sont pas vraiment haut de gamme, mais plutôt astucieux car ils misent surtout sur la légèreté. Le casque est toutefois plus lourd que l’Arctis 5 à cause du poids de ses écouteurs plus haut de gamme. Difficile de le porter en utilisation nomade, mais les plus courageux pourront tenter le coup, le micro se rétractant dans l’écouteur gauche.
L’ensemble reste très correct et semble bien solide. Les LED RGB sur les écouteurs ne servent pas à grand chose à part l’esthétique. La LED du micro est déjà plus utile car elle permet de signaler quand le micro est muet. Elle est cette fois RGB, ce qui n’est pas non plus très utile, mais permet au moins de choisir une couleur qui ne perturbe pas la vision du joueur (le violet est beaucoup plus confortable que le rouge classique). On aurait simplement aimé pouvoir régler son intensité lumineuse, ce qui n’est pas possible pour l’instant.
Sennheiser, le look gaming à l’ancienne
Côté Sennheiser, le GSP 600 reste sur un look qui ne semble plus vraiment au goût du jour dans le secteur. Les marques gaming sont toutes beaucoup revenues à une plus grande sobriété, le GSP 600 garde un look agressif avec des couleurs rouge, chrome et noir. Le casque mise aussi sur des matériaux ultra-solide comme le métal pour ses charnières, mais il est du coup assez lourd (395 grammes). L’ensemble est loin d’être moche, mais le design général est trop massif selon nous, et ne permettra clairement pas une utilisation nomade sur smartphone (surtout que le micro n’est pas rétractable).
Confort
Pour cette question épineuse du confort, il faut tout d’abord préciser que ça dépendra aussi de la taille de la tête de l’utilisateur. Dans notre cas, il s’agit d’un crâne grand format et d’une âme très sensible à la pression des écouteurs autour des oreilles (les deux casques sont de type circum-aural, ils entourent les oreilles). Pire encore, nous portons des lunettes, qui entrent en conflit avec les écouteurs et peuvent provoquer des douleurs en cas de forte pression.
De ce côté, l’Arctis 5 nous était parfaitement adapté avec des écouteurs très écartés et un arceau très large. Aucune pression sur les oreilles, on pouvait porter le casque pendant des heures sans aucune gêne. On s’attendait à la même chose pour l’Arctis Pro, mais ce n’est pas le cas. Ce casque est beaucoup plus resserré au niveau des oreilles, notamment parce qu’il est plus lourd, et qu’il faut le faire tenir en place. Il n’est donc pas aussi confortable que ses prédécesseurs, et pèse sur le crâne après quelques heures d’utilisation, surtout avec des lunettes. A sa décharge, ses coussins tissus sont extrêmement confortables, ce qui limite la casse. L’isolation est correcte, mais pas aussi bonne que celle du Sennheiser GSP 600.
Certes, le GSP 600 offre une excellente isolation par rapport au bruit extérieur, mais à quel prix ! Le casque est annoncé comme ultra-confortable, avec de nouveaux coussins à mémoire de forme au revêtement type velours synthétique, pas désagréable. Mais le GSP 600 applique une pression bien trop forte sur le crâne, les tempes et la mâchoire. Le casque est équipé d’un nouveau système de réglage de l’arceau pour limiter cette pression, bien pensé mais pas assez efficace. Difficile de garder la bête sur la tête pendant une longue période sans se sentir oppressé. L’hermétisme du revêtement des coussinets, et la pression physique et sonore des oreillettes fermées applique un « effet ventouse » sur les tympans… C’est assez désagréable pour les oreilles sensibles comme les nôtres, surtout à haut volume. Ce qui est fou, c’est que ce problème était déjà présent sur notre PC350 Xense à l’époque !
Ergonomie
Les deux casques affichent une ergonomie identique. Pas de télécommande sur le câble (ce qui est une bonne chose), un câble détachable du casque et des commandes de mute pour le micro et de volume sonore directement sur le casque. La solidité de l’embout du casque SteelSeries s’améliore clairement depuis l’Arctis 5, mais le système de fixation du GSP 600 de Sennheiser nous paraît encore plus solide.
Pour les commandes, l’Arctis Pro de SteelSeries améliore sa molette de volume et son bouton de mute pour le micro, clairement plus haut de gamme. Les deux restent très faciles à atteindre et à utiliser. Côté Sennheiser, la molette de volume est beaucoup plus grande sur l’écouteur droit, facile à atteindre aussi. Sur le GSP 600, le micro passe en muet dès qu’il est relevé, ce qui est aussi très pratique. Seulement voilà encore un reproche à faire : le mécanisme de cette molette et de ce micro opposent une forte résistance. C’est un gage de solidité, mais c’est surtout très gênant à l’usage : relever le micro nécessite d’appliquer une force telle que le casque va sortir de sa position initiale, idem pour la molette, à moins d’utiliser ses deux mains ou de contorsionner ses doigts pour maintenir le casque en place pendant la manipulation. C’est franchement agaçant.
Le bonus du GameDAC : astuce ultime ?
L’Arctis Pro est donc livré avec un accessoire qui fait toute son originalité, et qui va grandement améliorer son ergonomie : le GameDAC. En gros, le GameDAC est une carte son externe USB livrée avec le casque, avec un convertisseur du signal numérique vers analogique (DAC) de marque ESS Sabre 9018. Notez qu’au cours de notre test, une mise à jour de son firmware a considérablement amélioré l’amplification (qui nous faisait très peur au début), la précision des égaliseurs, etc.
Le petit boîtier externe apporte énormément en termes d’ergonomie. Toutes les options du casque, jusqu’au contrôle des LED RGB sont disponibles à même le boîtier, ce qui dispense même d’installer le logiciel de contrôle de SteelSeries (ça fonctionne parfaitement sans les pilotes du fabricant). Le logiciel est toutefois indispensable pour les éventuelles mises à jour du firmware du GameDAC. La molette de contrôle permet de tout contrôler avec une facilité déconcertante, et l’ajout d’une sortie « chat » pour mixer son volume indépendamment du canal principal de Windows est un vrai plus. De quoi larguer le GSP 600 côté modernité… Attention, ce mix n’est pas possible en mode Hi-Res, qui n’offre qu’un canal de sortie sur le casque.
Ce boîtier offre en plus une sortie ligne supplémentaire pour un autre casque ou des enceintes de bureau et une entrée ligne à 3 pôles pour brancher une autre source sonore. Le tout peut être mixé à même le boîtier, ce qui est assez imbattable dans le genre, notamment pour les streameurs.
Qualité audio
On en arrive à la partie sensible, la qualité de rendu sonore des deux casques. Très franchement, au delà des courbes de restitution, il est difficile de faire une quelconque différence à l’oreille pour un adulte et ses vieux tympans.
Un son premium
Première chose : oui, les deux casques Arctis Pro et GSP 600 offre une qualité sonore de premier ordre, clairement supérieure à celle de casques à 100 euros comme le HyperX Cloud Alpha et le SteelSeries Arctis 5. Nous les avons surtout testés avec de l’audio haute qualité (FLAC, MP3 haut débit), et oui, l’amplitude est largement meilleure, tout est plus claire et limpide, et il est difficile de revenir ensuite sur ces casques à moindre prix.
Pour les jeux, effectivement, les bruitages sont beaucoup plus détaillés, notamment dans les aiguës (bruissement des feuillages, oiseaux, etc). Mais il est déjà beaucoup plus difficile de justifier le surcoût de ces deux casques pour le gaming. L’unique bénéfice réel réside dans l’écoute musicale, au mieux pour le cinéma et les séries.
Quand aux fonctionnalités DTS:X 2.0 (sur le casque SteelSeries), elles sont toujours inutiles, déforment l’authenticité du son, qui résonne trop… Notez toutefois que le DTS:X 2.0 fait de bons progrès pour estomper cet « effet baignoire ». Mais pour les jeux, si cet effet est sensé améliorer la « spatialisation » sonore, on constate en fait qu’il créé une certaine confusion dans la stéréo, moins facile à distinguer, ce qui est plutôt handicapant pour localiser un bruit de pas dans PUBG, pas exemple…
Hi-Res ? La limite de l’écoute humaine
Si ces deux casques apportent un vrai plus musical par rapport à des modèles d’entrée et milieu de gamme, il est bien difficile de déterminer quel est le meilleur rendu entre eux : GSP 600 ou Arctis Pro, les deux casques sont excellents, et les différences sont trop subtiles pour les départager. Seule chose remarquable ici : le GSP 600 de Sennheiser appuie un peu plus sur les basses que l’Arctis Pro, qui semble plus plat dans sa courbe de restitution. Sennheiser semble encore être resté dans le gaming « vielle école » avec des basses un peu forcées. Son rendu global reste toutefois très propre.
Pour le mode Hi-Res du GameDac de l’Arctis Pro, impossible pour nous de faire une quelconque différence avec d’autres modes (testé avec de l’audio Hi-Res Quobuz en FLAC). Seule chose notable : le mode d’entrée par la source optique offre un son légèrement plus amplifié que les autres modes. L’entrée optique est prévue surtout pour la PS4, mais elle fonctionne très bien avec la sortie optique du circuit son d’un PC.
Le GameDAC a été mis à jour pendant notre test, rajoutant plus de fréquences de réglages dans l’égaliseur, ainsi qu’une option pour régler l’amplification audio. Une mise à jour salvatrice, car le casque manquait clairement de pêche avant cette mise à jour, nous étions un peu déçu du niveau sonore final, mais le problème est heureusement réglé.
Qualité des micros
Pour évaluer les micros, c’est aussi délicat. La différence de qualité sonore est difficile à faire, surtout qu’elle est beaucoup moins importante que celle des écouteurs. Les deux micros des casques se débrouillent assez bien, mais celui du casque SteelSeries possède un système de réduction sonore un peu plus efficace par défaut (notez qu’il n’est pas possible de régler cette option pour l’instant sur le DAC ou dans les pilotes).
Nous avons fait quelques enregistrements dans les mêmes conditions, pour en tirer un spectre sonore pour chaque micro. On peut voir que le micro du casque Sennheiser est plus sensible dans l’ensemble, mais aussi au son ambiant. Le souffle arrière (ventilation du PC de test) est alors plus audible qu’avec le micro du SteelSeries Arctis Pro, qui supprime le son entre 100 et 200 Hz environ.
Sennheiser GSP 600 SteelSeries Arctis Pro
Cette différence est toutefois très relative, car il suffit d’activer la suppression de bruit dans les pilotes du circuit audio de notre PC de test, pour éradiquer totalement tout bruit de souffle ambiant en effaçant tout jusqu’à 400 Hz, comme on peut le voir sur ce dernier graphique… Certes, ce filtre altère aussi légèrement la partie audible (un signal à 440 Hz dans notre test). Mais ces deux micro feront le boulot : vous faire entendre de vos partenaires de jeu.
Sennheiser GSP 600 + Suppression de bruit logicielle
Conclusion
Tester des produits haut de gamme dans une catégorie aussi subjective que l’audio, intimement liée aux capacités de vos tympans (différentes pour chaque individu), c’est délicat… La bonne nouvelle, c’est que tout le monde pourra aisément constater la supériorité de restitution sonore du GSP 600 et de l’Arctis Pro face à un casque milieu de gamme lambda. La mauvaise nouvelle, c’est qu’il sera difficile, voire impossible d’aller plus loin dans la comparaison, même avec des sources Hi-Res.
Quel choix, quel prix ?
Côté prix, payer 250 euros pour un casque haut de gamme est clairement superflu pour du gaming. Il faudra que le joueur amortisse vraiment son casque en écoutant de la musique avec, et en l’appréciant comme un vrai audiophile.
Mais si nous devions faire un choix entre ces deux casques, avec la question du prix en tête, pas d’hésitation de notre côté : le SteelSeries Arctis Pro coûte certes 30 euros de plus, mais il offre beaucoup plus avec son GameDAC. C’est une véritable petite carte son externe avec un mixeur intégré pour les streameurs, des entrées et sorties supplémentaires, deux canaux séparés pour la conversation audio et la bande son du jeu, le tout étant très facile à utiliser avec sa molette et son écran OLED. Selon nous, le GSP 600 reste un peu trop « vieille école », et nécessite une bonne carte son pour en tirer vraiment partie, avec moins de fonctionnalités intégrées et une ergonomie moins complète.
- Excellent rendu sonore
- Ergonomie parfaite
- Design classe et intelligent
- GameDAC au top !
- DTS:X toujours peu utile
- Moins confortable que l'Arctis 5
- Câble non tressé
- Interface propriétaire
L’Arctis Pro et son GameDAC forment un couple idéal pour une utilisation polyvalente sur PC. La qualité sonore est clairement au rendez-vous pour les mélomanes, mais c’est surtout le GameDAC qui plaira aux joueurs grâce à ses multiples fonctionnalités directement disponibles sous le doigt. Un modèle presque sans reproche, aussi jouissif à écouter qu’à utiliser.
- Solide (voire indestructible)
- Rendu sonore excellent
- Long câble tressé
- Très bonne isolation sonore
- Manque de confort
- Design vieillot
- Trop classique pour son prix (pas de DAC)
Le Sennheiser GSP 600 est loin d’être un mauvais casque. Il est d’abord très solide et profite d’excellentes finitions et d’une très bonne qualité de fabrication. Son rendu sonore est excellent, même s’il force un peu les basses (très raisonnablement !). Mais pour un tel prix, ce casque purement analogique ne propose pas assez de modernité et des fonctionnalités trop basiques. Sennheiser n’a pas non plus résolu la question du confort malgré les promesses de ce casque.