Un PC vraiment mini
Un PC de jeu qui ne prend pas plus de place qu’une console. Le défi est aussi vieux que… il est vieux, mais il est toujours l’occasion d’un concours d’ingéniosité. Zotac se prête au jeu une nouvelle fois, et nous a permis de tester son tout récent Zbox Magnus EN1070.
(la banane n’est pas livrée avec)
Dans une boîte de 20 cm de côté et 6 cm de haut, il réunit un processeur Intel Skylake quadricoeur et une carte graphique Nvidia GeForce GTX 1070. Réussit-il la quadrature du cercle ?
Les specs
- Processeur : Intel Core i5 6400T (4 cœurs, 2,2 GHz, Turbo à 2,8 GHz sur un cœur, 2,5 GHz sur quatre cœurs)
- Carte graphique : GeForce GTX 1070, 8 Go, (GPU max. 1695 MHz)
- Mémoire : 2 slots DDR4 SO-DIMM
- Stockage : 1 baie 2,5″ SATA 6 Gbit/s + 1 port M.2 PCIe 4x
- Refroidissement : à air, 2 ventilateurs, propriétaire
- Alimentation : externe, 180 W
- Réseau : chipset Intel 3165 WiFi ac (2,4 GHz ou 5 GHz, max 433 Mbit/s) + Bluetooth 4.2
- Dimensions : 210 mm x 203 mm x 62,2 mm
Barebone à compléter
Le Zotac EN1070 est vendu sous la forme d’un barebone, c’est-à-dire d’un système sans mémoire, ni stockage, ni système d’exploitation. Le carton ne contient donc que le PC, son alimentation, un manuel et un CD plus une clé USB rassemblant les pilotes systèmes au cas où l’OS ne les téléchargerait pas automatiquement ou en l’absence de connexion internet.
Pour nos tests, nous avons ajouté deux barrettes de 8 Go de DDR4 2400 Ballistix et un SSD MX300 525 Go tous les deux aimablement prêtés par Crucial, que nous remercions !
Notre SSD prenait place dans la baie 2,5″. Son montage est ultra simple : une vis à main verrouille le berceau du disque, qui glisse ensuite dans son connecteur.
Design ultra sobre
Le design du Magnus EN1070 n’est pas foufou, et pour tout dire, il rend mieux en photo qu’en personne. Entièrement en plastique noir granité, la coque arbore des lignes simplistes. Nous qui reprochons parfois aux PC à vocation gaming leur exubérance forcée, nous regrettons presque l’extrême sobriété de Zotac.
Les dimensions du Magnus EN1070 sont très compactes : sa base est presque carrée, de seulement 21 cm de côté. C’est environ la largeur d’un boîtier de PC classique. Mais quand une tour dépasse les 45 cm de haut, le Magnus s’arrête à 6,2 cm.
La connectique est pourtant très généreuse : deux DisplayPort 1.3, deux HDMI 2.0, six ports USB (dont un de type C), un lecteur de cartes SD, deux prises Ethernet Gigabit… il y a même un récepteur infrarouge !
Design intérieur : intérieur cuivre !
Démontage facile, mais interdit
Il n’est absolument pas nécessaire de pousser le démontage Magnus EN1070 au-delà du simple retrait du panneau inférieur pour le mettre en route. Pire, cela annule la garantie du constructeur. Comme notre exemplaire de prêt n’est pas soumis aux mêmes contraintes, nous sommes allés voir plus loin.
Le démontage complet demande à ôter les panneaux arrière, gauche et droite afin de laisser passer la carte mère. Elle est maintenue au châssis supérieur via cinq vis (ne pas oublier celle au centre) cruciformes.
Côté pile, la carte mère montre uniquement ses slots SO-DIMM, son port SATA, son port M.2 et un port mini PCIe occupé par la carte WiFi/Bluetooth.
Côté face, c’est le jackpot. Chipset, CPU et carte graphique se partage une place assez restreinte. Le système de refroidissement occupe le plus clair du volume disponible. Il est composé de deux parties.
Deux ventilateurs, trois radiateurs, trois caloducs
Un premier radiateur est placé derrière le socket CPU (oui, le CPU est sur un vrai socket, et donc remplaçable). Il est surmonté d’un ventilateur radial soufflant vers l’aération arrière du boîtier.
Le CPU sur socket est refroidi par un seul caloduc
Un second radiateur recouvre toute la carte graphique au format MXM (oui, elle est aussi remplaçable). Il est formé d’une plaque et de deux blocs d’ailettes : le premier, pile à la verticale de l’étage d’alimentation, le second sur le bord. Seul le second est refroidi directement par un deuxième ventilateur, plus petit, toujours radial et soufflant vers le côté droit.
La carte graphique MXM couverte de cuivre.
Ces deux blocs de cuivre ne sont pas indépendants. Un caloduc relie le GPU au radiateur du CPU. Il faut dire que la GTX 1070 est censée dissiper entre 100 et 150 W, alors que le Core i5 6400T se contente de 35 W !
Globalement, l’intégration est remarquable est la finition n’appelle aucune critique. Qu’en sera-t-il des performances ?
Performances et (absence d’) overclocking
Avant de tester le Magnus EN1070 deux points nous surprenaient. D’une part le choix d’un simple Core i5 6400T comme partenaire d’une GeForce GTX 1070 : vu ce que l’on sait de la puissance de la puce graphique, il y a de bonnes chances qu’elle soit bridée par le CPU. Deuxième point : l’alimentation. Avec seulement 180 W disponibles, comment allait-elle animer un CPU de 35 W plus un GPU dont la version desktop est donnée pour 150 W ? Comme vous allez le voir, nos soupçons étaient fondés.
Pas fait pour l’overclocking
Vu la compacité du boîtier, il est évident que le Zotac Magnus EN1070 n’est pas taillé pour l’overclocking. Mais peut-être pourrait-on tout de même le pousser un peu ? Non. Le BIOS contient très peu d’options pour overclocker le processeur, qui de toute façon ne fait pas partie des modèles prévus pour l’overclocking par Intel. La carte mère a chipset B150 n’est pas non plus validée par Intel pour cela.
Mauvaise pioche aussi côté carte graphique. En apparence pourtant, les logiciels spécialisés comme Firestorm de Zotac ou NVinspector permettent de monter la fréquence du GPU Boost. Hélas, ils ne peuvent modifier ni la limite de consommation de la carte graphique, ni celle de température. Tout overclocking est donc vain, puisque les valeurs demandées ne seront pas tenues plus de quelques secondes avant que les mécanismes de gestion de la puissance ramènent la carte dans ses limites.
Performances : Ashes of the Singularity
Commençons notre analyse par le désormais classique benchmark d’Ashes of the Singularity. Très exigeant sur le CPU par le nombre des unités affichées, ce test a aussi l’avantage d’être disponible sous DirectX 11 et 12. Nous comparons le Magnus EN1070 à notre configuration de référence munie d’un Core i5 6500 et d’une GTX 1060 ou d’une Radeon RX 480 Nitro+ 8 Go (celle que nous avions choisie pour notre PC Tom’s Hardware by Grosbill).
Que nous dit le benchmark ? En 1920×1080, comme en 2560×1440, la Zbox est bien loin de là où on espérait une GTX 1070. Elle se place en fait au niveau d’une Radeon RX 480 et nettement en-dessous d’une GTX 1060 6 Go de bureau deux cartes, très facile de milieu de gamme avec lesquelles on peut facilement un mini-PC gamer à moins de 1000 euros ! Notez que le passage à DirectX 12 n’améliore presque pas les résultats.
Deus Ex : Mankind Divided
Dans le dernier Deus Ex, la Zbox EN1070 reprend des couleurs. En Full HD, elle distance largement notre configuration de test équipée d’une GTX 1060 6 Go et devance d’un cheveu la Radeon RX 480. Avec presque 60 images par seconde au minimum, en qualité élevée, ce titre est parfaitement à l’aise sur le mini PC Zotac.
En 1440p, le framerate chute sévèrement, mais se maintient à des niveaux parfaitement jouables.
Gears of War 4
Titre phare de Microsoft, Gears of War 4 sait se faire exigeant sur les cartes graphiques. Le comportement de la Zbox EN 1070 est intéressant. En Full HD, elle est assez largement surclassée par les couples Core i5 6500 + GTX 1060 et RX 480.
Au contraire, quand la définition monte en 2560×1440, le petit boîtier résiste beaucoup mieux que notre config de référence. Les trois se retrouvent au coude à coude juste sous les 60 i/s de moyenne.
Globalement, la Zbox permet donc de jouer aux derniers titres en qualité élevée mais pas maximum en Full HD, bien sûr et en 1440p. Seuls les adeptes du 120 i/s seront déçus. Mais ce n’est pas tout à fait ce qu’on pensait écrire à propos d’une GeForce GTX 1070 !
La faute au GPU ou au CPU ?
Quelle est donc la cause des performances constatées, relativement mauvaises ? Jetons un coup d’œil aux fréquences relevées pendant les benchmarks.
Dans les trois tests que nous avons effectués, la fréquence du GPU varie assez largement, entre 1800 MHz au tout début d’Ashes of the Singularity jusqu’à 1252 MHz en charge dans Deus Ex. Rappelons que la fréquence nominale d’une GTX 1070 mobile est de 1445 MHz, avec un Boost au minium à 1645 MHz. Une GTX 1070 Founders Edition, de bureau, ne descend pas sous les 1650 MHz en jeu. À 1252 MHz, la GTX 1070 de la Zbox ne peut évidemment tenir son rang. Le système de refroidissement monté par Zotac se révèle finalement insuffisant, à moins que ce soit la limite de consommation maximale imposée par l’alimentation.
Mais ce n’est pas la seule explication aux performances de la Zbox. Le CPU, lui aussi, peut être pointé du doigt. Dans Ashes of the Singularity, le fait que les performances soient constantes en 1080p ou en 1440p montre que le Core i5 6400T bride la GeForce GTX 1070. Les logs systèmes le confirment, puisque l’occupation CPU est de 100 % pendant toute la durée du benchmark en 1080. Augmenter la résolution libère le CPU, mais ce genre de situation peut se reproduire.
Refroidissement, silence, consommation
Parmi les jeux que nous avons testé, Deus Ex s’est révélé le plus gourmand en watts. Au pire (1440p, DX11) notre wattmètre a relevé 126,4 W à la prise secteur, donc pour la machine au total, pertes de l’alimentation comprises.
Sous la torture, c’est-à-dire avec une session de Furmark plus Prime 95 en parallèle, la Zbox n’a consommé 148,8 W au maximum. L’alimentation a donc de la marge et il est d’autant plus dommage de ne pas pouvoir overclocker un peu la machine.
Un silence de cathédrale
Un peu décevant au chapitre performances, le Magnus EN1070 se rattrape avec brio à l’épreuve du sonomètre. Voyez plutôt :
40 dBA au maximum, sous la torture combinée de Furmark et Prime 95 et à 30 cm seulement, voilà un excellent résultat. Dans ces conditions, la Zbox se fait entendre, bien sûr, mais à un niveau qui n’est pas du tout gênant.
Dans 3D Mark, qui donne une bonne approximation des jeux, les 35,4 dBA constatés sont encore plus satisfaisants et dignes des meilleures cartes graphiques. On est très loin du bruit généré par bien des PC portables gaming !
Au repos, enfin, le Zotac est inaudible, sauf dans une pièce parfaitement calme. Notre lieu de test descendait à 28,3 dBA. Le chuintement du Zotac faisait tout juste bouger l’aiguille à 28,6 dBA.
Des températures sous contrôle
Une incompatibilité nous a empêché de relever les températures du processeur pendant les jeux. Nous devrons donc nous contenter du pire scenario, c’est-à-dire le mode torture par Furmark et Prime95 et de 3D Mark.
Dans ce cas, le GPU se stabilise à 70 °C, quand le CPU monte à 74 °C. Ces valeurs ont été relevées dans une pièce à 20 °C. Le système de refroidissement choisi par Zotac fait donc un bon travail, et il semble même en avoir encore un peu sous la pédale.
Verdict : préférez la petite soeur !
- Compacité
- Silence
- Performances suffisantes pour jouer en 1440p
- Polyvalence
- Déséquilibre CPU/GPU
- GeForce GTX 1070 trop bridée
Le barebone Zotac Zbox Magnus EN1070 est un PC très sympathique. Il est très petit, très silencieux et permet de jouer à tous les derniers titres en Full HD et même en QHD sans trop rogner sur la qualité ou sur la fluidité. Mais techniquement, Zotac a opéré des choix curieux. Le CPU est insuffisant pour la carte graphique embarquée. Or la différence de prix entre le Core i5 6400T et le 6500T n’est que de 10 $. Heureusement il est sur socket, donc l’utilisateur pourra facilement le faire évoluer. Lorsqu’elle n’est pas bridée par le processeur, la GeForce GTX 1070 est handicapée par la limite de consommation maximale imposée par Zotac. Pourtant, l’alimentation et le système de refroidissement semblent capables de tolérer plus. En l’état, il nous semble que le modèle d’en-dessous, la Zbox Magnus EN1060 est plus équilibré. Il offrira des performances très proches et suffisantes pour jouer tranquillement en Full HD et surtout, il est 250 euros moins cher !