Tytan, exubérant, attirant
Si comme nous vous avez visité la Paris Games Week, vous avez peut-être remarqué sur le stand d’Asus une machine imposante, assurément tape-à-l’œil et finalement attirante : le Tytan CG 8890. Ce monstre est la vitrine technologique d’Asus pour cette fin d’année, un PC hors de prix (5 000 €), mais sans compromis et possédant un design littéralement hors du commun. Destiné aux joueurs et à tous les heureux passionnés capables d’un tel investissement, il réserve quelques surprises. Curieux, nous l’avons testé.
Tytan ou Nighthawk ?
Le Tytan CG8890 appartient à la gamme ROG d’Asus (Republic of Gamers). Il reprend donc le style propre à cette gamme, déjà vu sur le PC portable G73 notamment, qui rappelle celui de l’avion d’attaque au sol F117 Nighthawk de l’armée américaine. Façades anguleuses, lignes brisées, textures multiples, le Tytan multiplie les effets pour affirmer son identité. Le résultat provoque des réactions tranchées, mais il semble acquis que ses adeptes seront du genre masculin.
Un transformer
Allumé, le Tytan révèle encore une surprise de taille : ses parois latérales sont motorisées ! Elles s’ouvrent en dégageant des rangées de trois ventilateurs (de 80 mm) apportant un surplus d’air frais à l’intérieur du boîtier via des grilles ménagées dans les parois. La manoeuvre est rapide, un peu bruyante, mais l’effet est réussi.
Prime ou Decepticon ?
En plus des deux panneaux latéraux, la partie arrière du toit du boîtier se soulève pour dégager deux autres ventilateurs de 80 mm. Au total, en comptant ceux présents à l’intérieur du boîtier, ce ne sont rien moins que 10 ventilateurs qui refroidissent le Tytan CG8890. En silence ? Pas vraiment, comme nous le verrons.
Sous le plastique, l’acier
Les panneaux sont réalisés dans un plastique qui semble plutôt solide. A l’intérieur se cache un système de charnière actionné par un servomoteur. Le tout est connecté à la carte mère par des câbles qu’il faut impérativement débrancher pour ouvrir le boîtier. On découvre alors, sous la carrosserie exubérante, un châssis en acier très classique et bien plus compact.
Turbo à 4,2 GHz
Cette ouverture provoque également un changement de la couleur des diodes illuminant la façade. De bleues, elles deviennent rouges et traduisent ainsi une autre particularité du Tytan : le mode Turbo Gear, un overclocking automatique et à chaud de son processeur. Ce dernier est celui qui coiffait il y a encore quelques semaines la gamme Intel : le Core i7-3960X. Ce Sandy Bridge-E possède 6 coeurs physiques (12 logiques grâce à l’Hyperthreading) et tourne de base à 3,8 GHz. Asus garantit deux paliers d’overclocking : 4 GHz et 4,2 GHz soit un peu plus de 10 % au maximum. Ces paliers ne sont pas modifiables, même dans le BIOS.
Watercooling inside
À cette fréquence le processeur consomme allègrement plus que son TDP déjà élevé de 130 W. Pour contenir la montée en température, Asus a choisi un système de watercooling tout-en-un, similaire à ceux construits par Asetek. Le radiateur occupe un emplacement de 120 mm à l’arrière. Il est refroidi par un imposant ventilateur de 120 mm x 38 mm, assez bruyant à plein régime.
Et si ça ne suffit pas…
Si toutefois vous trouviez que ce watercooling n’est pas suffisant, un second emplacement pour ventilateur de 120 mm est disponible, sur la paroi supérieure du boitier. On pourra regretter qu’Asus ne laisse pas la place d’installer un radiateur plus long.
Notez également les quatre barrettes de RAM : ce sont 16 Go de DDR3-2133 GSkill, certifiés 10-12-12.
Il a la plus grosse
Pour accompagner le processeur haut de gamme, Asus a installé la carte graphique la plus puissante du moment ou presque : la GeForce GTX 690 de Nvidia. Ce modèle à deux GPU n’est pas watercoolé. Il s’agit du modèle de référence, sans overclocking : les deux GK104 tournent de base à 915 MHz. Sur notre exemplaire le turbo automatique autorisé par les pilotes Nvidia monte à 1019 MHz. La mémoire embarquée consiste en 2 Go de GDDR5 à 3 GHz. La carte graphique est accompagnée d’une carte son maison, une Xonar Phoebus.
Quad interdit
Tout ce joli monde est installé sur une carte mère Asus Rampage 4 Formula. Elle possède notamment 4 ports PCI-Express 16x certifiés 3.0 et utilisables en 16x/8x/8x/8x pour du Quad CrossFire. Une telle configuration n’est cependant pas vraiment envisageable dans le Tytan qui ne propose que 7 slots pour cartes filles. La connectique externe est généreuse : 6 ports USB 2.0, 4 USB 3.0, 2 eSATA, audio 5.1, sortie S/PDIF, Ethernet Gigabit et même un port PS/2 ! Nous apprécions également le petit bouton clear CMOS, bien utile pour réparer un éventuel mauvais paramétrage du BIOS.
900 W en Or
Avec un processeur qui consomme plus de 130 W et une carte graphique donnée pour 300 W, Asus se devait de soigner l’alimentation électrique. C’est chose faite, et de belle manière. Le constructeur fourni un bloc de 900 W construit par AcBel et certifié 80 Plus Gold. Ce bloc est largement suffisant pour satisfaire les besoins du Tytan. À pleine charge, processeur overclocké à 4,2 GHz, nous avons mesuré seulement 650 W tirés à la prise, ce qui correspond, si on suppose un rendement de 90 %, à une consommation réelle de 585 W.
Beaucoup de baies déjà prises
Les possibilités d’extension du stockage sont assez bonnes. Le châssis compte 5 baies 3,5″ internes (3 sont occupées), 1 baie 3,5″ externe (vide) et 4 baies 5,25″ externes, dont 3 sont occupées. Dans ces dernières, Asus a installé un graveur Blu-ray, un rack pour disque dur extractible et la carte qui contrôle les panneaux motorisés.
Voilà le truc !
Voilà donc le secret de la magie qui anime le Tytan. Ce petit PCB alimente les servomoteurs et les ventilateurs des panneaux latéraux et arrières ainsi que les LED et le bouton activant l’overcloking Turbo Gear. On peut regretter qu’il mobilise une baie 5,25″. Notez que si d’aventure l’ouverture automatique du boitier en cas d’overclocking vous agace, il vous suffira de débrancher ce PCB.
Des performances sans faille…
Au vu de son équipement, on attend du Tytan CG8890 des performances de très haut niveau. Elles le sont ! Dans le benchmark Unigine Heaven 3.0, avec les réglages les plus élevés possibles (tesselation extrême, filtrage anisotropique 16x, anticrénelage 8x, shaders “high”) et sur un écran 30″ (2560 x 1600) le Tytan CG 8890 délivre 54,7 images par seconde en moyenne. 3DMark 11 en mode extrême se termine avec un score de 5674 points. Cinebench R11.5 délivre un score CPU de 12,18 points.
… ou presque !
Le seul point faible de cette configuration est son stockage. Le système est installé sur un RAID0 de deux SSD Sandisk U100 (aussi dénommé P5) de 128 Go. Hélas ces SSD, s’ils sont bons en accès séquentiels (nous avons mesuré plus de 800 Mo/s en lecture et 600 Mo/s en écriture) ont une ou deux générations de retard pour les accès aléatoires. Certaines opérations (comme la décompression d’une archive remplit de petits fichiers) paraissent du coup trop lentes vu le potentiel de la machine. Notez qu’en plus des deux SSD, Asus livre un gros disque dur de 2 To pour le stockage.
Joli mais bruyant
Le second point sur lequel le Tytan nous a déçus est l’acoustique. Sans overclocking – et donc boîtier fermé – notre sonomètre a mesuré 36,5 dBA (à 30 cm de la façade), au repos ce qui est loin d’être inaudible, mais reste satisfaisant compte tenu de la puissance embarquée. En charge, toujours sans overclocking, le niveau sonore monte à 52,5 dBA. Une fois le Turbo Gear engagé, ces mesures passent à 43 dBA et 55 dBA respectivement. L’ouverture des ailes du boîtier est certes jolie, mais nous ne sommes pas sûrs qu’elle justifie une telle augmentation du bruit.
Pour une poignée d’euros
Cet Asus Tytan CG 8890 est bel et bien une folie. Son équipement et sa puissance sont fantastiques. Son design est exclusif et son système d’ouverture motorisée couplée à un overclocking automatique du CPU ravira tout fan de tuning PC. Mais si cette particularité ne vous emporte pas, il est difficile de vous recommander le Tytan. Le prix cumulé de ses composants ne dépasse pas 3 000 €. Le prix public du Tytan CG8890 est de 5 000 €. À ce prix, les mauvaises performances des SSD, la capacité d’extension relativement faible et l’absence d’une section graphique encore plus puissante (pourquoi pas un tri-SLI de GTX 680 ?) sont difficilement pardonnables.
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