Introduction
Les Ultrabooks, ce sont les ordinateurs très fins « inspirés par Apple Intel ». Et pour gagner en finesse, deux composants ont été sacrifiés sur l’autel du design : le lecteur optique et le connecteur RJ45.
SI on peut se passer aisément du lecteur optique, tous les modèles externes étant globalement efficaces, c’est une autre paire de manches pour l’Ethernet : les débits varient grandement en fonction du modèle. Dans ce test, nous avons donc récupéré plusieurs adaptateurs Ethernet et mesuré les débits pratiques.
Rappelons que la suppression de l’Ethernet n’est pas une fatalité : HP ou Toshiba proposent des Ultrabooks avec une prise RJ45 en utilisant une prise dotée d’un clapet, comme le montre la photo.
La théorie
Passons en revue les solutions. Un PC portable classique propose souvent plusieurs connecteurs, mais les Ultrabooks se limitent généralement à trois connecteurs : l’USB 2.0, l’USB 3.0 et — parfois — le Thunderbolt. Sur certains ordinateurs, on retrouve aussi de l’ExpressCard, mais le connecteur n’est pas présent dans les Ultrabooks.
L’USB 2.0 permet en théorie d’atteindre 480 mégabits/s, mais en pratique dépasser 300 mégabits/s est irréaliste. L’USB 3.0 monte à 5 gigabits/s, et sa limite pratique se trouve aux environs de 3,2 gigabits/s (400 Mo/s). Le Thunderbolt peut atteindre 10 gigabits/s en théorie et environ 8 gigabits/s dans la pratique. Enfin, l’ExpressCard propose soit un lien USB 2.0 interne (480 mégabits/s) soit une ligne PCI-Express (2,5 gigabits/s ou 5 gigabits/s en théorie).
Du côté de l’Ethernet, on trouve deux types de modèles : ceux limités à 100 mégabits/s (100BASE-TX) et ceux limités à 1 gigabit/s (1000BASE-T). Bien évidemment, toutes les interfaces ne sont pas capables d’atteindre 1 gigabit/s : un modèle interfacé en USB 2.0 ne peut pas atteindre ce débit.
Notons d’ailleurs que les adaptateurs 100 mégabits/s sont souvent moins rapide qu’une bonne connexion Wi-Fi : en 802.11n, les Ultrabooks peuvent souvent travailler à 300 mégabits/s ou 450 mégabits/s dans la bande des 5 GHz, avec des débits pratiques qui dépassent 100 mégabits/s.
Certains constructeurs, comme nous allons le voir, ont préféré intégrer une puce en interne — c’est le cas de Samsung — et d’utiliser un connecteur propriétaire. D’autres, comme Asus, livrent l’adaptateur en standard, en USB. Enfin, beaucoup laissent les utilisateurs acheter un adaptateur…
Chez Samsung
Avec l’Ultrabook Samsung S9, la société a choisi une solution intéressante et atypique : un contrôleur Ethernet en interne couplé à une sortie propriétaire. Samsung fournit l’adaptateur passif dans la boîte de l’Ultrabook, mais il ne faudra pas le perdre : il vaut 40 $ sur le magasin en ligne de la marque.
Le contrôleur interne est un modèle Realtek interfacé en PCI-Express et il est bien évidemment compatible Ethernet 1000BASE-T.
Question performances, c’est assez étonnant : nous avons effectué nos tests avec iPerf 2 entre le Samsung S9 et un ordinateur Dell sous Windows 8 et les résultats sont faibles.
Nous avons obtenu une moyenne de 552 mégabits/s lors de nos tests théoriques, ce qui reste bien en deçà des possibilités de l’Ethernet 1000BASE-T.
USB vers Ethernet : MCS7830
Premier adaptateur USB de la liste, un modèle équipé d’une puce MCS7830. Ce contrôleur MosChips (en fait Asix) d’entrée de gamme est limité à l’Ethernet 100BASE-T et est fréquemment choisi dans les adaptateurs d’entrée de gamme, ceux que l’on trouve entre 10 et 20 $ sur eBay. Point intéressant de la solution, des pilotes pour énormément de systèmes sont proposés : Windows 2000, Windows XP, Windows Vista, Windows 7 (à chaque fois en 32 et 64 bits), Windows CE 5.x, Windows Mobile 5.x et Windows Mobile 6.x (ARM et x86), Windows CE 6.x (ARM et x86), FreeBSD, Linux (noyaux 2.6.x), Android (1.x, 2.x et 3.x) et Mac OS X (depuis 10.5, PowerPC et x86).
Pour le test, nous avons utilisé l’adaptateur USB du lapin Karotz, mais beaucoup d’adaptateurs « noname » trouvables sur eBay sont équipés de la même puce. Point important, la finition est faible : le boîtier semble fragile, le câble aussi, la prise ne semble pas capable de résister à des insertions fréquentes.
Question performances, c’est assez proche du maximum théorique : nous avons obtenu en moyenne 92 mégabits/s. C’est suffisant pour partager une connexion à Internet classique et pour transférer quelques photos sur un NAS.
USB vers Ethernet : AX88772
Deuxième adaptateur USB de la liste, celui vendu par Apple pour ses MacBook Air. Il est basé sur une puce Asix, la AX88772. L’adaptateur USB vers Ethernet de la Wii utilise la même puce. Ce contrôleur est limité à l’Ethernet 100BASE-T.
Ici aussi, les pilotes sont disponibles pour beaucoup de systèmes. On commence par Windows 98SE, Windows 2000, Windows XP, Windows Server 2003, Windows Vista et Windows 7 (32 bits et 64 bits le cas échéant). Pour Windows CE 5.x, Windows Mobile 5.x et Windows Mobile 6.x, on trouve les pilotes MIPS, SH, ARM et x86. Même chose pour Windows CE 6.0 : les architectures classiques sont supportées. Des pilotes pour Linux (noyau 2.6.9) sont de la partie, ainsi que des pilotes pour les noyaux plus récents (dès 2.6.14 ainsi qu’Android 1.x, 2.x, 3.x et 4.x). Enfin, des pilotes pour Mac OS X (dès 10.4) sont aussi disponibles, avec support du PowerPC et du x86.
L’adaptateur Apple est bien fini, ce qui est normal vu son prix de 30 €.
Nous avons obtenu un débit moyen légèrement supérieur à celui de l’adaptateur d’entrée de gamme : 94 mégabits/s. C’est suffisant pour accéder à Internet et stocker quelques photos sur un NAS, sans plus.
En dehors de la finition de l’adaptateur — qui dépend évidemment des marques —, il n’y a pas de raison de préférer le modèle Apple à un autre moins onéreux.
USB vers Ethernet : AX88178
Là, ça devient intéressant : Asix propose un contrôleur USB compatible Ethernet 1000BASE-T. L’AX88178(A) est compatible USB 2.0, ce qui limite évidemment les performances, mais dépasser les 100 mégabits/s reste possible.
L’Ethernet 1000BASE-T peut atteindre 1 gigabit/s, alors que l’USB 2.0 limite en théorie à 480 mégabits/s. Dans la pratique, la puce est censée atteindre environ 300 mégabits/s dans la réalité, soit 3 fois plus que les adaptateurs limités à l’Ethernet 100BASE-T.
On trouve fréquemment cette puce dans les adaptateurs vendus entre 20 et 40 $ environ.
Ici aussi, les pilotes sont disponibles pour beaucoup de systèmes. On commence par Windows 98SE, Windows 2000, Windows XP, WIndows Server 2003, Windows Vista et Windows 7 (32 bits et 64 bits le cas échéant). Pour Windows CE 5.x, Windows Mobile 5.x et Windows Mobile 6.x, on trouve les pilotes MIPS, SH, ARM et x86. Même chose pour Windows CE 6.0 : les architectures classiques sont supportées. Des pilotes pour Linux (noyau 2.6.9) sont de la partie, ainsi que des pilotes pour les noyaux plus récents (dès 2.6.14 ainsi qu’Android 1.x, 2.x, 3.x et 4.x). Enfin, des pilotes pour Mac OS X (dès 10.4) sont aussi disponibles, avec support du PowerPC et du x86.
Les résultats sont en deçà des attentes : 198 mégabits/s. C’est mieux que les adaptateurs 100 mégabits/s mais moins que l’adaptateur qui utilise une puce SMC ou que l’adaptateur USB 3.0 en mode USB 2.0.
USB vers Ethernet : LAN7500
Passons à un autre constructeur, SMSC. Les puces sont souvent utilisées dans les appareils à bas coût (par exemple le RaspBerry Pi) et notre modèle de test est basé sur la puce LAN7500. Acheté 18 $ sur eBay, notre modèle est donc compatible Ethernet 1000BASE-T.
L’Ethernet 1000BASE-T peut atteindre 1 gigabit/s, alors que l’USB 2.0 limite en théorie à 480 mégabits/s. Dans la pratique, SMSC n’indique pas la vitesse maximale pratique, mais l’USB 2.0 limite entre 200 et 300 mégabits/s en fonction des modèles.
On trouve fréquemment cette puce dans les adaptateurs vendus entre 20 et 40 $ environ.
La société fournit des pilotes pour Linux (noyau 2.6), Windows (sans plus de précisions), Mac OS X (sans plus de précisions) et Windows CE.
Les performances sont correctes, sans plus : 217 mégabits/s en moyenne. C’est environ deux fois plus que les adaptateurs 100 mégabits/s mais assez loin de ce qu’on peut attendre de l’Ethernet à 1 gigabit/s…
USB 3.0 vers Ethernet : AX88179
Plus intéressant, l’AX88179. Ce nouveau contrôleur Asix (encore) promet du 1000BASE-T réel, en utilisant la bande passante de l’USB 3.0 (5 gigabits/s en théorie). La puce n’est pas encore disponible dans le commerce, mais Asix nous a envoyé un exemplaire de test pour ce dossier.
Il n’est pas vraiment montrable, il s’agit d’un simple PCB avec une prise Ethernet d’un côté et une prise USB 3.0 de l’autre, mais il est parfaitement fonctionnel.
Asix fournit des pilotes pour Windows 2000, XP, Vista et 7 (32 bits et 64 bits) et pour Mac OS X 10.6 et plus (x86 uniquement, donc). L’adaptateur est bien évidemment utilisable en USB 2.0.
En USB 3.0, les performances sont très élevées : 715 mégabits/s. C’est plus que la puce interne du Samsung S9 et suffisant pour tous les cas.
Bonne nouvelle, l’adaptateur reste rapide en USB 2.0 : 244 mégabits/s. C’est nettement plus que les adaptateurs 100 mégabits/s et parfait pour des transferts même si l’USB 3.0 est évidemment plus rapide.
Reste le vrai souci : aucun adaptateur doté de cette puce n’est encore disponible.
Thunderbolt vers Ethernet
Un petit bug
Lors du test du routeur Wi-Fi 5G de Buffalo, nous avons eu quelques soucis avec cet adaptateur : il n’a jamais voulu fonctionner avec le pont réseau de Buffalo, alors que son équivalent USB était parfaitement utilisable.
Apple propose une solution intéressante techniquement : un adaptateur Thunderbolt vers Ethernet. Il s’agit ici d’un contrôleur Ethernet 1000BASE-T Broadcom (BCM57762) interfacé en PCI-Express x1 sur un Port Ridge de chez Intel. Concrètement, le système voit un bus PCI-Express interne et fonctionnellement, l’adaptateur n’est pas différent d’un contrôleur interne.
Mac OS X détecte évidemment l’adaptateur directement alors qu’il faudra installer les pilotes de Broadcom sur les rares PC dotés d’un connecteur Thunderbolt.
Les performances sont très élevées : 727 mégabits/s. Comme prévu, les performances sont celles attendues d’un contrôleur classique.
L’adaptateur n’est pas très cher (30 €) mais a un défaut, tout du moins dans certains cas : le connecteur Thunderbolt est aussi utilisé pour les écrans et il sera donc impossible d’accéder au réseau tout en utilisant un écran externe pour les possesseurs de MacBook Air, sauf à utiliser un écran Thunderbolt Apple, qui intègre l’adaptateur. Les possesseurs de MacBook Pro Retina ont plus de latitudes sur ce point : l’ordinateur possède deux sorties Thunderbolt et une sortie HDMI.
ExpressCard vers Ethernet et Ethernet interne
Pour terminer, nous avons aussi testé deux solutions : un PC portable classique avec de l’Ethernet en interne et un adaptateur ExpressCard vers Ethernet. Ce dernier peut être intéressant si la carte interne a grillé ou est trop lente (Ethernet 100BASE-T par exemple), même si les ordinateurs portables sans connecteur RJ45 ont rarement de l’ExpressCard.
Mauvaise surprise : la carte commandée à vil prix sur eBay… est trop courte et ne rentre pas totalement dans notre ordinateur de test. Attention donc.
Pour les cartes internes, nous avons utilisé deux ordinateurs : un équipé d’une puce d’origine NVIDIA, intégrée au chipset MCP89, et un équipé d’une carte d’origine Marvell, interfacée en PCI-Express x1.
La puce Marvell est efficace : nous avons obtenu 737 mégabits/s en moyenne lors de nos tests, soit un peu plus que l’adaptateur Thunderbolt. Avec la carte NVIDIA, nous avons obtenu des résultats décevants : 563 mégabits/s en moyenne. C’est assez faible pour une puce annoncée comme compatible Ethernet à 1 gigabit/s.
Conclusion
Il est maintenant temps de conclure.
Techniquement, l’USB 3.0 et le Thunderbolt sont les deux meilleurs choix, si votre ordinateur dispose du connecteur idoine. Les autres adaptateurs ne sont pas « mauvais » et toutes les solutions sont assez efficaces pour surfer sur Internet sans heurts, mais l’USB 3.0 et le Thunderbolt ont l’avantage dès qu’il est nécessaire de faire de gros transferts.
Si votre but est de surfer sur Internet sans passer par le Wi-Fi, n’importe quel modèle suffit. Nous vous conseillons d’éviter les solutions noname à très bas prix pour des raisons de fiabilité, mais les performances sont suffisantes dans tous les cas. Le surcoût demandé pour les modèles USB 2.0 vers Ethernet 1000BASE-T nous semble injustifié : si le gain est présent, le débit pratique reste assez faible.
Dans l’absolu, le meilleur choix reste d’ailleurs tout de même un ordinateur doté d’un connecteur RJ45 si vous avez besoin de vous connecter régulièrement à des réseaux filaires : les adaptateurs sont des pis-aller qui — même s’ils sont performants — ont le défaut de ne jamais être là quand on en a besoin…
Type de contrôleur | Vitesse théorique | Débit mesuré en mégabits/s | |
---|---|---|---|
Samsung S9 | Realtek | 1000 | 552 |
MacBook 2009 | NVIDIA MCP89 | 1000 | 563 |
MacBook 2007 | Marvell Yukon 2 | 1000 | 737 |
Adaptateur USB noname | MCS7830 | 100 | 92 |
Adaptateur USB noname | LAN7500 | 1000 | 217 |
Adaptateur USB Plugable | Asix AX88178 | 1000 | 198 |
Adaptateur USB 3.0 (mode USB 3.0) | Asix AX88179 | 1000 | 715 |
Adaptateur USB 3.0 (mode USB 2.0) | Asix AX88179 | 1000 | 217 |
Adaptateur USB Apple | Asix AX88772 | 100 | 94 |
Adaptateur Thunderbolt Apple | Broadcom | 1000 | 727 |