Mais il se destine à un musée, et non à une configuration pour jouer.
Vous pensiez que les dernières cartes graphiques de génération Ampere et RDNA 2 caracolaient déjà à des sommets tarifaires hallucinants, en raison de la pénurie ? C’était sans compter sur Intel, bien décidé à ne pas se faire ravir la première place, même sur ce créneau ! Alors que le fondeur de Santa Clara ambitionne cette année de revenir dans la course des cartes graphiques dédiées, un GPU portant son sceau s’est échangé au tarif record de … 4650 euros.
Évidemment, coupons court à tout suspense : il ne s’agit pas d’une carte graphique Arc Alchemist, Xe-HPG ou d’un GPU DG2 en avant-première mais bien … d’une pièce de musée. C’est en effet sur eBay France qu’un collectionneur a mis la main sur ce que le vendeur présente comme “le seul et unique prototype de Larrabee encore fonctionnel au monde”. Au centre du ventilateur trônent en effet les mentions Engineering Sample, Intel Internal Use Only et Intel Confidential.
Intel Larrabee : un prototype de GPGPU qui remonte à 2008
Cet authentique objet de collection célèbre la tentative d’Intel de bousculer le marché des GPU, en 2008. À cette époque, les rôles étaient clairement répartis entre le processeur central, responsable de toutes les opérations de calcul les plus lourdes, comme l’encodage vidéo par exemple, et le GPU qui se chargeait exclusivement du rendu graphique et trouvait essentiellement son sens dans les jeux vidéo.
La stratégie d’Intel consistait alors à octroyer au GPU un vrai rôle dans le calcul parallèle, afin de soulager le processeur central, tout en offrant aux développeurs une plateforme dont ils sont coutumiers, à bas coût par rapport aux architectures parallélisées qui existaient jusqu’alors. Larrabee épouse en effet l’architecture d’un processeur x86 classique (un Pentium), bien connue des développeurs, avec une première version embarquant 32 cœurs en 45 nm à 2 GHz, avec 8 Mo de cache. Il s’agit probablement du prototype aujourd’hui commercialisé sur eBay, même si une seconde unité à 64 coeurs aurait aussi été testée dans les laboratoires d’Intel.
Cette approche hybride aurait permis à la solution d’Intel de traiter des calculs complexes qui échappaient encore aux GPU “classiques” de l’époque, notamment le ray-tracing en temps réel, par exemple, ou la projection d’ombres irrégulières. Par sa structure et son concept, Larrabee restait toutefois largement derrière les solutions de Nvidia et ATI en matière de performances brutes dans les jeux vidéo, et l’architecture a finalement pâti de lourdes difficultés à en finaliser les pilotes.
« Tous les mois ou presque, on me demande ce qui est arrivé à Larrabee et pourquoi ce fut un si grand échec, indique Tom Forsyth, l’un des designers responsables du projet, sur son blog personnel. Et à chaque fois, je leur explique que non seulement ça n’a pas été un échec, mais que ça a même été un immense succès ! ». En réalité, Larrabee s’est rapidement décliné en une solution pour le calcul massif des supercalculateurs, sans réaliser une percée dans les foyers de joueurs. Là encore, des prototypes baptisés “Knights Ferry”, sous la forme d’une carte PCI Express avec 50 coeurs x86, ont fleuri entre 2011 et 2012 avant d’être abandonnés. Mais le traitement parallèle et le changement de rôle du GPU, plus que jamais d’actualité en 2022, doivent beaucoup à ce concept introduit il y a près de quatorze ans.
Bonjour,
C’est dur pour Intel de lui rappeler de si mauvais souvenirs. Au moment où il se relance dans le GPU.
Finir dans un musée pour un produit de 2011, ce n’est pas glorieux non plus.
“sa place est dans un musée !” 😉
Et un des tous premiers DP, version 1.0