Le lecteur ultrasonique d’empreintes digitalesDes chercheurs de l’université de Californie Davis et de l’université de Californie Berkeley ont présenté un lecteur d’empreinte digitale à ultrasons qui capture une image en 3D afin qu’une personne malveillante ne puisse pas simplement utiliser une image d’une empreinte pour tromper le système. Leurs résultats ont été publiés dans Applied Physics Letters.
Une image en 3D pour avoir une image nettement plus détaillée
La démocratisation des lecteurs d’empreintes sur smartphone depuis l’iPhone 5s a rappelé que ces systèmes sont généralement trompés par une photo de très haute résolution (cf. « Le lecteur d’empreintes de l’iPhone 5s a été contourné »). La manoeuvre est loin d’être évidente puisqu’il faut avoir l’empreinte que l’on cherche à reproduire, un scanner de très haute qualité, un support d’impression de haute fidélité et une imprimante capable de reproduire le tout (cf. « Apple explique en détail la sécurité de Touch ID »). Même si les experts sont souvent alarmistes (cf. « On peut pirater vos empreintes digitales depuis de simples photos »), la réalité est que copier une empreinte digitale est suffisamment difficile pour dissuader la plupart des personnes malveillantes et limiter ce genre d’attaque à une minorité de victimes.
Les chercheurs ont utilisé leurs travaux sur des MEMS transducteurs ultrasoniques et piézoélectriques et avec l’aide du fabricant de MEMS InvenSense, ont conçu un lecteur d’empreintes digitales qui s’inspire des échographies. Très schématiquement, un ultrason est envoyé, il rebondit sur le doigt à scanner, il retourne au système et la durée de cet aller-retour permet de mesurer la surface du doigt pour produire une image en 3D. Pour arriver à leur fin, les scientifiques ont installé une série de MEMS qui va envoyer les signaux et mesurer les informations renvoyées. Une puce présente dans le lecteur va s’occuper de traiter ces informations pour créer l’image. Le fait que ce système peut être fabriqué dans les usines d’aujourd’hui signifie que les coûts restent assez bas. L’ensemble demande 1,8 V.
La faille des imprimantes 3D
Nous nous sommes néanmoins demandé si une imprimante en 3D ne pouvait pas tromper le système. Nous avons donc contacté les auteurs du papier et nous avons reçu une réponse de Hao-Yen Tang, l’un des principaux auteurs, qui travaille sur sa thèse de doctorat qu’il devrait présenter en 2016. Il a reçu le prix SSCS Pre-Doctoral cette année pour ses travaux préliminaires. Il nous a expliqué qu’une excellente imprimante 3D pourrait en principe tromper leur capteur. Néanmoins, produire une image suffisamment fidèle en 3D est encore plus compliqué qu’une image en 2D. Dans le cas d’un capteur classique, on peut copier une empreinte présente sur des objets de tous les jours et il est possible de la reproduire sur un papier de bonne qualité. Dans le cas d’une image en 3D, il faut numériser les crevasses de l’empreinte et avoir un support reproduisant les caractéristiques de la peau. Bref, comme toute solution de sécurité, son contournement n’est pas impossible, mais cela sera encore plus difficile qu’aujourd’hui.