Introduction
Alors que le budget alloué au PC semble se réduire de plus en plus, nous avons constaté la présence de solutions d’entrée de gamme vraiment attractive : un couple carte mère + processeur est ainsi proposé pour 55 € ! Peut-on l’utiliser pour s’en faire un mini-PC fonctionnel ?
Une carte mère pour un tel PC devra répondre à plusieurs besoins, comme par exemple celui d’un serveur web tournant 24h/24 (plutôt que d’utiliser sa configuration principale, dont les disques durs sont chers et la carte graphique gourmande même au repos). Même dans ce cas, la plateforme ne consommerait que l’équivalent de treize centimes par jour.
On pourrait tout aussi bien en faire un serveur de fichiers, ce qui permettrait de stocker tous ses fichiers audio et ses films et les rendre ainsi accessibles à toute la maison via à un réseau local.
Pour peu que l’on soit intéressé par la domotique, le mini pc pourrait également gérer diverses tâches via le réseau domestique. Imaginons-nous, entre autres, accédant au système à distance par une interface web pour allumer ou éteindre les lumières dans notre salon. Bien entendu, la configuration pourrait tout aussi bien servir de routeur classique.
Il est encore possible aujourd’hui de trouver des cartes graphiques PCI basés sur le Radeon HD 2400, ce qui permet à terme de faire évoluer la plateforme avec une carte graphique récente pour s’en servir comme configuration basique.
Cpu embarqué : Intel Celeron 220
La carte mère Intel D201GLY2 a pour particularité d’embarquer un processeur Intel Celeron 220, directement soudé à cette dernière. Ce processeur Conroe-L simple cœur est basé sur l’architecture core Conroe, gravée en 65nm.
Le Celeron 220 succède au Celeron 215, core Yonah. Ce dernier était utilisé par Intel sur sa précédente carte mère, la D201GLY.
A l’image de tous les autres Celeron, le 220 est démuni du SpeedStep qui influe sur la fréquence afin de réduire la consommation.
Dénomination | Pentium Dual-Core | Celeron 220 |
Core | Allendale | Conroe-L |
Gravure | 65 nm | 65 nm |
Socket | 775 | 479 |
Cache L1 | 2x 32 Ko | 2x 32 Ko |
Cache L2 | 1 Mo | 512 Ko |
FSB | 200 MHz (800QDR) | 133 MHz (533QDR) |
Extension 64 Bit | EM64T | EM64T |
Jeux d’instructions | MMX SSE SSE2 SSE3 SSSE3 | MMX SSE SSE2 SSE3 SSSE3 |
Hyperthreading | – | – |
Virtualisation | VT | – |
Fonctions économie d’énergie | C1E, Speedstep | – |
Gestion thermique | TM1&2 | TM1&2 |
Protection exécution | XD bit | XD bit |
Vu que le BIOS ne permet pas de jouer sur le FSB, impossible d’overclocker le bus système. Notre carte mère de test utilisait le générateur d’horloge ICS 9LPR604AFLF, tandis que les versions dans le commerce s’appuient sur le 9LPR604AGLF, qui peut être géré avec des logiciels comme setFSB.
Carte mère Intel D201GLY2
Intel a fait un choix de conception assez inhabituel avec la D201GLY2, puisqu’elle est équipée d’un chipset SiS. Ce dernier se compose d’un northbridge SiS662 et d’un southbridge SiS964. La carte mère se décline en deux versions : avec refroidissement actif (D201GLY2A) ou bien passif (D201GLY2). C’est cette dernière que nous testons aujourd’hui.
Video | 1x VGA |
SATA | 2x SATA-150 |
IDE | 1x ATA-100 |
USB | 2x USB 2.0 (arrière) et 4x USB 2.0 (sur la carte mère) |
Port série | 1x COM |
Port parallèle | 1x LPT |
Ports PS2 | Clavier & souris |
PCI | 1x PCI 33 |
Réseau | 1x 100 Mbit Broadcom AC131 |
Audio | ADI AD1888 2 Canaux |
Prises ventilateur | 2x 3 points |
Dimensions | 20 cm x 17 cm |
Alimentation ATX | 20 broches ATX (compatible 24 broches) |
La connectique et les ports affichés laissent penser que la D201GLY2 peut rivaliser avec certaines cartes mères ATX, pourtant, Intel a du élaguer compte tenu des dimensions (20 x 17 cm) et du souci de maintenir les coûts de fabrication au plus bas. L’interface réseau est un bon exemple : le contrôleur Broadcom AC131 ne peut délivrer que 100 Mb/s théoriques.
D’autre part, l’agencement très compact ne laisse de place que pour un seul slot mémoire DDR2. Point positif, ce dernier accepte jusqu’à 2 Go. Néanmoins, la vitesse mémoire plafonne à 266 Mhz (DDR2-533). On peut bien entendu installer une barrette à plus haute fréquence, mais elle ne sera alors pas exploitée à pleine vitesse.
On ne compte que deux ports SATA, ainsi qu’un connecteur IDE permettant de rajouter deux disques supplémentaires. Pas de signe d’un éventuel port disquette, bien que le BIOS soit capable d’en gérer un.
Intel D201GLY2 (suite)
L’unique slot PCI permet d’ajouter une autre carte réseau, ce qui s’avère utile pour assembler un routeur.
Le contrôleur ADI AD 1888 (codec AC’97) gère la partie son. Pas de sortie numérique au menu pour ce codec qui commence nettement à vieillir désormais.
Le chipset SiS comprend une solution graphique embarquée Mirage 1 qui, comme la plupart des puces graphiques intégrées, monopolise une partie de la RAM système comme mémoire vidéo (ressources partagées).
Les ports série (COM) et parallèle (LPT) feront le bonheur de tous ceux qui souhaitent utiliser la carte mère pour gérer d’autres périphériques. Il n’y a que deux ports USB à l’arrière de la carte, mais quatre de plus sont disponibles sur la carte.
Dégagement thermique
La carte mère a beau faire appel à un système de refroidissement passif, un certain flux d’air s’avère nécessaire. D’après la documentation, Intel recommande clairement une ventilation des deux radiateurs. Un simple 80 mm en 5 Volts fait parfaitement l’affaire tout en sachant se montrer silencieux.
Avec un ventilateur 80 mm, le CPU affiche 32 °C en idle et 68 °C à pleine charge.
Sans ventilateur, on passe à 45 °C en veille et 95 °C à pleine charge, ce qui s’est traduit par une instabilité. Il est donc essentiel de fournir un refroidissement suffisant à l’ensemble.
Consommation du processeur
Le TDP annoncé pour le Celeron 220 est de 19 watts, chiffre qui s’est avéré supérieur à ce que nous avons mesuré à pleine charge : le CPU consomme à peine 14 watts, régulateurs de tension inclus. Il suffit d’un peu plus de 5 Watts en idle.
Consommation de la plateforme
Nous avons comparé la consommation de notre exemplaire de test avec des plateformes AMD et Intel récentes : Gigabyte GA-MA78GM-S2H (chipset AMD 780G) pour la première et Gigabyte GA-G33-DS3R (chipset G33) pour la seconde.
Les deux cartes mères ATX supportant des configurations mémoire bi-canal, nous avons pris deux barrettes de RAM A-Data Vitesta. La D210GLY2 n’ayant qu’un emplacement mémoire, nous avons choisi une barrette TakeMS DDR2-800.
Le reste des composants sont identiques d’une plateforme à l’autre.
Processeur | Plateforme |
Athlon Sempron | AMD 780G – Gigabyte GA-MA78GM-S2H |
Pentium Dual core | Intel G33 – Gigabyte GA-G33-DS3R |
Celeron | SIS 662 – Intel D201GLY2 |
Disque dur | Western Digital 3200AAJS 320 Go, 7200 tr/min., SATA-300 |
Comme on le voit sur le diagramme, il ne faut pas s’attendre à des économies énergétiques considérables avec la carte mère mini-ITX d’Intel. En idle, sa consommation est d’environ 13 watts inférieure à la plateforme basée sur le chipset G33 qui utilise le plus modeste des Pentium dual core, le E2140. La différence est encore moins prononcée avec la plateforme AMD : le couple carte mère – Sempron LE-1100 consomme un watt de moins. Ne perdons pas de vue que dans les deux cas, les performances sont assez nettement supérieures à ce dont la plateforme mini-ITX est capable.
Les différences sont clairement plus marquées lorsque le processeur est sollicité à 100% : 69,5 watts pour la configuration G33 avec Pentium dual core E2140 (stepping M0) là où la plateforme basée sur le Celeron 220 s’en tire avec seulement 55,4 watts. Dans le même exercice, la configuration AMD tire 70 watts malgré la présence d’un Sempron LE-1100.
IGP : le Mirage
Le northbridge SiS662 intègre le Mirage 1, puce graphique qui emprunte sa mémoire vidéo aux ressources système. Il ne faut donc pas s’attendre à des merveilles de ce côté-là.
Sur le cd fourni, on trouve le pilote pour Windows Xp et celui pour Vista est disponible sur le site de SiS. Le Mirage 1 étant incapable de gérer l’interface Aero, il n’est valable que pour la version la plus basique de Windows Vista. On peut bien entendu installer d’autres versions de l’OS, mais les performances graphiques seront alors extrêmement faibles.
La qualité d’image est aussi en dessous de la moyenne : en 1280 x 1024, le port VGA donne une image assez satisfaisante, tandis qu’en 1600 x 1200, elle devient délavée et floue.
Quel OS pour ce mini-PC ?
Cette carte mère est sous-dimensionnée d’un point de vue performances pour Windows Vista, quelque soit la version choisie. Le CPU monocore est trop lent pour assurer un fonctionnement sans accroc.
A l’opposé, le fonctionnement plutôt rapide sous Windows XP est à souligner, pourvu que l’on n’exécute pas d’applications trop lourdes ou bien gourmandes en mémoire.
Nous avons également testé le système avec la dernière distribution d’Ubuntu Linux ; il s’est avéré que la solution graphique n’est pas supportée : stries à l’écran et crash systématique du X-Server après quelques petites minutes. Soulignons toutefois que la carte mère est parfaitement adaptée aux distributions routeur de Linux, comme l’actuelle version d’IP-Cop. Puisque la carte réseau est reconnue et supportée sans problème, il suffit d’ajouter une deuxième carte réseau pour se lancer.
Temps de chargement des pages web
De nos jours, la plupart des sites web utilisent des scripts pour rendre la navigation plus intéressante (nos charts processeur en sont l’exemple). Les graphiques sont ainsi manipulables par l’utilisateur afin de permettre des comparaisons directes. Il faut bien entendu une certaine puissance de calcul pour exploiter de telles pages, que le Celeron 220 ne possède pas.
Synthèse et analyse des tests
Nous avons rassemblé les résultats des tests avec le Sempron LE-1100 et le Pentium dual core E2140 pour les analyser avec ceux du Celeron 220 comme référence. Les résultats des benchmarks synthétiques ont été délibérément exclus.
Benchmark | Pentium Dual-Core E2140 1,60 GHz | Sempron 64 LE-1100 1,90 GHz |
iTunes | 60,2% | 29,6% |
Lame | 27,7% | 19,7 % |
AVG Antivirus | 40% | 23,7% |
WinRAR | 48,5% | 1,2% |
Cinema 4D Release 10 | 40,7% | -13,5% |
Général | 43,4% | 12,2% |
Comme on le voit sur le tableau, un fossé allant jusqu’à 60,2% sépare le Pentium dual core du Celeron 220, à cause de l’architecture monocore. Pour autant, le Celeron est également à la traine par rapport au Sempron LE-1100 qui est aussi un processeur monocore. Cinema4D constitue ici la seule exception du fait de son optimisation pour l’architecture Conroe.
Configuration et protocole de test
Composant | Détails |
Carte mère AMD | Asus M2N32-SLI Deluxe ; nVidia nForce5 |
Carte mère AMD 780G | Gigabyte GA-MA78GM-S2H ; AMD 780G |
Carte mère Intel | Gigabyte GA-G33-DS3R ; Intel G35 |
ITX – Intel Celeron 220 | Intel D201GLY2 ; SIS 626 |
DRAM | 2x 1 Go A-Data DDR2-1066+ Vitesta Extreme Edition ; TakeMS 1x 2 Go |
DVD-ROM | Samsung SH-D163A, SATA150 |
Carte graphique | Foxconn nVidia GeForce 8800 GTX Fréquence GPU : 575 MHz Fréquence Shaders : 1350 MHz Fréquence mémoire : 786 Mo DDR4 (900 MHz, 384 Bit) |
Alimentation | Coolermaster RS850-EMBA, ATX 2.2 850 W |
Détails | |
Os | Windows Vista Enterprise Version 6.0 (Build 6000) Windows XP SP2VL |
DirectX 10 | DirectX 10 (par défaut sous Vista) |
DirectX 9 | Avril 2007 |
Pilote son | Vista Driver 2.13.0012 (15.03.2007) |
Pilote graphique | nVidia ForceWare Version 158.18 (32 Bit) WHQL |
Pilote chipset Intel | Version 8.1.1.1010 (21/11/2006) |
Pilote chipset nVidia | nForce Driver : 15.00 (02.02.2007) WHQL |
Java | Java Runtime Environment 6.0 Update 1 |
Benchmarks | Détails |
iTunes 7.2 | Version : 7.1.1.5 CD Audio (Terminator II SE) 53 min haute qualité (160 kbps) |
Lame MP3 | Version 3.98 Beta 3 (05.22.2007) CD Audio Terminator II SE 53 min de wave à mp3, 160 kbps |
Benchmark | Détails |
Grisoft AVG Anti-Virus | Version : 7.5.467 Base de données virale : 269.6.1/776 Benchmark Scan : Vista Enterprise (dossier Windows) 8 Go |
WinRAR | Version 3.70 Beta 8 Compression = Best Dictionnaire = 4096 Ko Benchmark : THG-Workload |
Maxon Cinema 4D Release 10 | Version 10.008 Rendu d’une scène (Water drop at a rose) Résolution : 1280 x 1024 – 8 Bit (50 frames) |
Deep Fritz 10 | Version : Nov 16 2006 |
Benchmark | Détails |
PCMark05 Pro | Version 1.2.0
Tests CPU et mémoire Windows Media Player 10.00.00.3646 Windows Media Encoder 9.00.00.2980 |
SiSoftware Sandra XI SP1c | Test CPU = CPU Arithmetic Test mémoire multimédia = Bandwidth Benchmark |
Puissance CPU
Comparons d’abord la puissance CPU brute via les tests synthétiques de Sisoft.
Que ce soit sur les entiers ou sur les flottants, Sandra décrète le Celeron 220 63 % moins performant que le Pentium E2140, un gros retard. Par rapport aux Sempron, s’il parvient à rester dans le tas en virgule flottante, il accuse en revanche également un déficit sur les entiers.
Puissance CPU (suite), mémoire
Poursuivons avec Sandra via les traditionnels tests de bande passante mémoire.
Sans surprise avec la gestion de son unique canal mémoire, le Celeron 220 au lieu de rattraper ici son retard le creuse au contraire, même si la faute en revient plus à la carte mère, ou plus exactement à son format. Valait-il mieux disposer de deux slots mémoire, mais en très coûteuse SO-DIMM ? Pas sûr.
Utilisé pour confirmation, PC Mark n’infirme globalement pas les conclusions tirées des résultats de Sandra.
AVG, Cinema 4D, iTunes, Lame
Sans surprise et comme nous l’avons vu précédemment, le Sempron ferme la marche et accuse des retards toujours importants par rapport au Pentium E2140. Il reste également légèrement en retrait des Sempron et de l’Athlon X2, hormis sous Cinema 4D du fait des optimisations de ce dernier pour l’architecture Core.
Deep Fritz, WinRAR
Que ce soit sous le jeu d’échec ou en compression, le retard reste très important vu ceux généralement constatés dans le monde des CPU. Rien de très surprenant sous Winrar vu la bande passante mémoire apathique développée par la plateforme, quasiment deux fois plus lente que le Pentium E2140.
Conclusion
Au final, on peut dire que cette carte mère ne convient que dans quelques cas spécifiques. Par rapport aux plateformes actuelles, notre mini-PC à processeur Celeron paraissait à la traine, ce qui s’est confirmé au travers des tests. La faute incombe en partie au chipset, dont l’interface mémoire single-channel constitue un goulet d’étranglement très important pour les applications actuelles.
Cette plateforme n’est donc un bon choix que si les applications que vous comptez utiliser ne sont pas lourdes, comme par exemple un routeur « fait maison » ou bien pour faire de la bureautique. L’ensemble peut aussi faire un bon boîtier de contrôle et trouverait sa place en tant que PC pour voiture.
On ne peut pas dire que le couple mini-ITX & Celeron soit particulièrement économe en énergie – un Sempron couplé à une carte mère AMD 780G consomme encore moins en idle. Pour couronner le tout, la plateforme AMD offre de bien meilleures performances et peut même décoder les flux vidéo HD grâce au chipset graphique 780G.
Tout compte fait, le seul véritable argument en faveur de la D201GLY2 est son prix : il faut quand même tenir compte du fait qu’on a une carte mère ET un processeur pour environ 57 €. On ne saurait cependant la conseiller que dans le cas où sa taille est un critère de choix et qu’elle ne soit pas destinée à faire tourner des applications gourmandes au niveau des ressources processeur. Si la flexibilité et l’évolution font partie de vos critères, mieux vaut se pencher du côté des cartes mères micro-ATX.