Une sexagénaire accusée de télécharger du porno est menacée de procès

Une compagnie allemande a envoyé une lettre à plusieurs milliers d’internautes britanniques les accusant d’avoir téléchargé illégalement des films pornos et demandant 500 £ (578 €) pour éviter le procès.

La mauvaise surprise de DigiProtect

La société allemande se nomme DigiProtect et son slogan est « transformer le piratage en bénéfice ». Elle a l’habitude de représenter les détenteurs de droits intellectuels comme le groupe allemand de musique techno Scooter.

Imaginez donc la tête de milliers de Britanniques lorsqu’ils reçurent une lettre de DigiProtect les accusant d’avoir téléchargé un ou plusieurs films pornographiques tout en leur demandant de payer un demi-millier d’euro sous peine de se retrouver devant les tribunaux. Une femme a expliqué s’être évanouie en lisant la lettre.

La faille dans le dossier ?

Parmi les destinataires du courrier de vingt pages qui mentionnent le nom des films, l’heure et la date du téléchargement, on trouve Mary, une femme de soixante ans, résidant dans une maison de retraite de Bedfordshire. Elle affirme qu’elle ne savait pas ce qu’était le P2P avant cette histoire et qu’elle en a perdu le sommeil pendant une semaine.

Méthode critiquée

Avant d’envoyer ces lettres, DigiProtect a tout de même saisi la justice britannique pour obtenir les coordonnées des adresses IP que la firme avait recueillies. Certains ont d’ailleurs expliqué qu’ils avaient reçu une lettre de leur fournisseur d’accès à Internet expliquant que ce dernier avait dû divulguer leurs coordonnés en raison de ladite décision de justice.

Néanmoins, beaucoup critiquent les méthodes de la firme estimant que les adresses IP obtenues ne sont pas fiables. Les sceptiques affirment qu’il suffit d’emprunter le réseau Wi-Fi de son voisin ou d’utiliser une fausse IP comme écran pour que des compagnies comme DigiProtect soient menées vers de fausses pistes.

Arnaque ou stratégie légitime ?

Pour beaucoup d’avocats saisis par des défendeurs à l’action, c’est purement et simplement un moyen de faire de l’argent. Un juriste explique que l’embarras est si important que beaucoup vont payer sans rien dire à personne, même s’ils sont innocents. Ainsi, si vous envoyez 10 000 lettres de ce type est que seulement la moitié paient 578 €, vous vous retrouvez avec une somme confortable. Évidemment DigiProtect nie ces accusations et affirme qu’il ne fait que protéger les droits de son client.

Limite de la lutte contre le piratage ou conséquence normale d’un processus en marche ?

Le débat est ouvert. Ce genre de pratique montre-t-il clairement les limites du système juridique en matière de lutte contre le piratage sur les réseaux P2P ou est-ce un simple dommage collatéral ? Alors que les connaisseurs trouveront toujours une parade pour ne pas être repérés, des gens honnêtes sont pris au piège et sont menacés d’humiliation s’ils ne paient pas. N’est-ce pas une espèce de chantage immorale ? D’un autre côté, il est normal de vouloir défendre sa propriété intellectuelle ? Est-il mal de réclamer ce à quoi on a droit ? Dans ce cas-ci, la fin justifie-t-elle les moyens ? À vous de juger.